Desire.m0i.un.mouton

La tête dans la laine.

Lundi 30 janvier 2012 à 1:54

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Et je ne cesse de le faire, pourtant.
Ca doit être un besoin.

Plus le temps passe et plus j'ai l'impression de reculer.
A quoi me servent mes études, finalement?
Quatre années de fac pour rien.
Je m'y suis accrochée autant que j'ai pu par peur de me lancer dans la vie active. A vrai dire, cette peur est plus que fondée de nos jours.

On obtient quoi avec une licence? Ou même un master?
Niente.
Alors, à quoi bon ?

A quoi bon m'arrêter un an pour mettre de l'argent de côté sans même avoir la garantie que je vais trouver un job?
Sans même avoir la garantie que je garderais ne serait-ce que 50% de ce que j'aurais gagné après que le gouvernement soit passé par là?
Vouloir faire des études, même en fac, ça a un prix. Les bourses de stage ne font pas tout, et les parents non plus visiblement.

Je ne reconnais vraiment plus mon père.
J'ai enfin osé lui annoncer ma décision d'arrêter au moins un an, par obligation. Manque de moyens.
Je lui mets la tête dans la réalité et il ne réagit pas. Il n'est pas du genre à réagir à grand chose, de toute manière.
'- Un de mes meilleurs amis est mort. Tu pourrais me passer de l'argent pour que je puisse rentrer et aller à son enterrement?
- Ah bon.. Tu veux vraiment rentrer? T'étais si proche de lui?"
L'avarice semble être devenu son pêché..

Et la peur me gagne. M'envahit de plus en plus. 

Lundi 30 janvier 2012 à 1:37

 Après plus d'une année d'absence, je ressens comme un besoin d'écrire.. 

J'ai parcouru les lignes que j'avais rédigées il y a de ça 3 ans et je n'ai pas l'impression d'avoir évoluée. 
Je suis toujours cette adolescente perdue qui vient d'entrer à la fac, qui ne sait pas vraiment où elle va et qui n'attend que de devenir une femme.

On dit que nos parents définissent ce que nous sommes, que notre éducation reste à jamais ancrée dans notre personnalité. Je pense que c'est vrai.
Et dans ce cas, j'aurais préféré avoir une meilleure enfance.. 

Lorsque des personnes de mon entourage me parlent de la façon dont ils ont été élevés, je me sens bien différente d'eux. Je les envie. 
Moi, à qui il paraît normal de ne pas faire la bise au réveil, à qui il paraît normal que les parents ne serrent pas leurs enfants dans leurs bras.  
Je me sens différente.
Je ne parle plus à ma mère depuis 4 ans, je me sens beaucoup plus proche de mon père. Enfin, me sentais. Il s'est trouvé une nouvelle famille, que j'adore, mais je n'ai pas la sensation d'en faire vraiment partie. Peut-être parce qu'on ne m'a jamais vraiment montré ce qu'était une vraie famille, comment sont censées être les relations entre chaque membre. Je ne sais pas. Peut-être aussi parce qu'il ne sait pas montrer ses sentiments. Jamais il ne m'a dit je t'aime, jamais il ne m'a pris dans ses bras, jamais il ne m'a invité à aller boire un verre dans un café. Suis-je vraiment sa fille? A-t-il eu la même éducation que celle qu'il m'a donnée? En fin de compte, maintenant, moi non plus je ne sais pas montrer mes sentiments à qui que ce soit, sauf mon amoureux. Même si j'ai beau dire aux amis que j'ai toujours porté dans mon coeur que je les aime, je ne prends pas le temps de demander de leurs nouvelles régulièrement. Et pourtant, je suis loin d'eux maintenant, dans tous les sens du terme. Je suis à 800 km d'eux, je ne sais plus ce qu'ils pensent de moi, l'un d'entre eux est mort il y a deux mois.

Je ne sais pas quoi faire, avec mon père. Je suis stressée à l'idée de lui demander de sortir tous les deux, simplement parce qu'on ne l'a jamais fait de notre vie. Je ne sais même pas s'il a envie que nos rapports changent, que l'on soit plus proches l'un de l'autre ou si ça lui va comme ça parce que pour lui, c'est sa façon d'aimer les gens. Je ne connais pas mon père, finalement. 

Dire que j'ai passé des années à côté de lui sans le r'garder. 
On a à peine ouvert les yeux, nous deux.
J'aurais pu c'était pas malin, faire avec lui un bout d'chemin.
Ça l'aurait p't'-êt' rendu heureux, mon vieux.
Mais quand on a juste quinze ans, on n'a pas le cœur assez grand
Pour y loger tout's ces chos's-là, tu vois.
Maintenant qu'il est loin d'ici, en pensant à tout ça, j'me dis 
"J'aim'rais bien qu'il soit près de moi", Papa... "

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Mon demi-frère a repris contact avec moi en septembre, après 8 ans de silence radio. Je ne sais pas m'y prendre avec lui non plus. Ni mes tantes, ni mes oncles, ni mes cousins. Ils me connaissent pourtant depuis ma naissance, ils savent que je suis comme ça. Simplement, ils voudraient que je change, que je sois plus ouverte.

Je l'ai été, pourtant. Lorsque je découvrais la vie, à quinze ans. Mes amis, dans leur démence, m'ont poussé à devenir aussi folle qu'eux. Je ne me souciais de rien. J'avais une meilleure amie avec qui je faisais tout et n'importe quoi. Particulièrement tout. Sourire, rire, aimer, partager, critiquer, sortir. On se tenait la main dans la rue, on parlait fort dans les endroits publics. On s'en foutait. 

Aujourd'hui, oserais-je refaire la même chose? Avec elle, sans doute. Le temps d'une journée.
Vous me direz, avec l'âge on s'assagit, c'est normal. 
Normal de devenir plus raisonné, mais plus réservée, non.

Je ne sors plus depuis que j'ai changé de ville, depuis que nous ne sommes plus que deux à 200 km à la ronde. 
Les gens ne m'intéressent pas tant qu'ils ne me parlent pas. Je ne les rejette pas pour autant, au contraire. Si l'on sait me parler, m'amadouer, je peux être très sociable. Seulement, je ne sais pas engager une conversation, peut-être par peur du ridicule mais aussi parce que les sujets bateaux, ça m'emmerde. Parler pour parler, ça m'emmerde. Moi, j'ai besoin d'un vrai partage.

Oui mais alors, pourquoi ne pas simplement appeler mes amis pour partager, justement? Je n'aime pas le téléphone. (Compliquée, hun?)
Et puis, comment serais-je reçue si j'appelais comme ça, après tant de mois sans donner de nouvelles? 
Si l'un de mes amis était à ma place et me passait un coup de fil après une longue période vide, ça ne me poserait pas de problèmes, au contraire. Mais c'est mon caractère. Pour moi, donner des nouvelles n'est pas indispensable. Pour les autres si. Je considère plusieurs de mes relations comme" "figées" : mes sentiments ne changent pas, même à  l'usure des années. J'aime toujours autant certains de mes amis, je les considère toujours comme des personnes m'étant proches mais pensent-ils la même chose? 

J'ai écrit un jour qu'il existe des relations qui restent intactes, toujours fortes, presque indestructibles malgré le temps qui passe. Marc en faisait partie. Marc, c'est ce jeune homme dont j'ai parlé qui est parti trop tôt. Une chute ridicule qui nous a, nous aussi, fait tomber de haut. C'était il y a deux mois, j'ai l'impression que c'était hier. La douleur est si forte, si intense. Parfois, je me demande si j'arriverais à passer une journée sans penser à lui. Car pour le moment, je ne cesse de me poser des questions, de regretter ce que je n'ai pas fait pour lui, qui était si généreux avec les autres. Pourquoi n'ai-je pas simplement  accepter d'arriver en retard au travail cet été pour parler ne serait-ce que quelques minutes avec mon ami? Pourquoi suis-je partie en lui promettant qu'on papoterait autour d'un café un peu plus tard? Et pourquoi suis-je partie pour Montpellier sans même dire au revoir à mes amis? Sans même dire au revoir à l'ami que je n'allais plus jamais revoir? Il a toujours été là pour moi et m'a promis de l'être encore pour l'avenir. Sauf qu'on ne prévoit pas l'avenir. Qui aurait pu se douter que la mort l'emporterait? Emporterait l'un de nous? Et si ça arrivait à un autre de mes amis à qui je n'ose pas parler? 

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